Animateurs et coordinateurs

La conscience individuelle d'une situation sociale marquée par l'injustice, l'absence de responsabilité mutuelle et le manque d'intérêt pour autrui pousse de nombreuses personnes à aspirer à une réalité différente, meilleure. Ce désir les conduit parfois à rechercher des solutions auprès de facteurs externes : dirigeants, processus sociaux, groupes sociaux, etc. S'interroger sur la réalité sociale incite ceux qui constatent des injustices et souhaitent y remédier à se tourner vers ceux qu'ils jugent capables de les promouvoir. Orienter les questions non seulement vers des facteurs externes, mais aussi vers l'interlocuteur permet à celui-ci d'examiner la résonance d'une réalité non corrigée en lui et, ce faisant, d'identifier le domaine social qui l'enflamme. Un acte social motivé par une combustion interne a un meilleur impact sur la réalité et corrige les injustices plus profondément. Cette approche de l'action sociale permet à ceux qui mènent l'action d'investir des lieux et des processus sur lesquels ils peuvent exercer une plus grande influence.

L'égalité est une valeur fondamentale dans les sociétés modernes et démocratiques, et celles-ci s'efforcent de la concrétiser en mettant en place des infrastructures et des ressources favorisant l'égalité des chances pour tous, comme un système éducatif public. Malgré ces efforts, une analyse approfondie de ces sociétés en général et de la société israélienne en particulier révèle que les inégalités ne diminuent pas, voire se reproduisent. Des phénomènes tels que la pauvreté, le manque d'éducation, la faible image de soi et le faible statut social se reproduisent au sein de certaines populations, tout comme l'enseignement supérieur, la richesse et le prestige se reproduisent chez d'autres. L'analyse du système éducatif révèle qu'il reflète fidèlement les inégalités sociales, de sorte que les résultats des élèves se reproduisent en fonction de leurs acquis et du statut socio-économique de leurs parents. Dans ce contexte, il est nécessaire d'examiner si le système éducatif, conçu pour garantir l'égalité des chances et permettre la réussite à tous les niveaux pour chacun, quels que soient son sexe, son origine, son statut économique ou son lieu de résidence, ne remplit pas la fonction inverse et ne sert pas d'outil de perpétuation des positions de classe. L’identification des mécanismes sociaux cachés et manifestes qui encouragent la reproduction des écarts dans la société, ainsi que la création d’un système éducatif détaché de la structure sociale et favorisant une vision du monde qui croit en chaque enfant et le promeut, permettront de réduire la reproduction des écarts.

La tradition juive place l'étude et l'observance de la Torah au cœur de ses valeurs. Étude et action sont perçues comme contradictoires, et investir dans l'une se fait au détriment de l'autre. Cette perception conduit à se demander lequel est le plus important, le Talmud ou l'action ? et pousse à une décision. Cette décision peut se traduire par un investissement accru en temps, en énergie et en ressources, mais elle affecte principalement la hiérarchie établie entre le Talmud et l'action. Créer une hiérarchie entre les deux peut également créer une hiérarchie entre ceux qui étudient et ceux qui agissent, et exclure certains de l'étude et d'autres de l'action. Brouiller la dichotomie entre étude et action et identifier les processus d'apprentissage qui impliquent l'action et les actions qui impliquent l'étude de la Torah permet d'élargir les cercles d'étude et d'action à différents groupes de la population et de réduire l'exclusion sociale de l'un de ces cercles afin de préserver leur centralité dans la tradition juive.